Braille de Chair

(braille de chair)
Les doigts dans le bruit.

Elle murmurait du bout des mains , une trace fragile de leur passage.
Elle Recomptait ses fantômes chaque fois qu’elle refermaient ses yeux ….

Une collection fragile du flou…
Fantasmant son plus vague souvenir,
Elle hurlait à l’envers,
dans le sens inverse du vent .

Un contrepied radical,
qui balayait chaque espace de son ventre.
Une grosse caisse interne ;
dissonante et câline, si tordue …
le cuir si tendre d’être battu .

La distorsion comme seule miroir.
Elle se sentait dans le mauvais sens .
Un visage posé à l’envers….
Spectateur du dedans.
En face à face avec l’interne.

Retourner ses yeux ,
regarder devant .
Ça a l’air si simple .
Une question d’angle ,
Et de point de vue.

Enclencher la mutation.
Chaque frisson dans la chair comme une lecture silencieuse .
Ses cicatrices s étirent , brûlent,
Rappellent, et disparaissent .

Il fait sombre ici , et il fait froid.
C’est bleu … ça brûle ,
ça cloque , ça cloue , ça extrait et ça revisse.
La mémoire est une chose malléable ,
tout comme la chair …
à quelques sutures Près .

puis la dernière vis …

La fin de la guerre est proche ..
les dernières racines sont mortes,
Enterrées au fond de son jardin ,
de la canine aux incisives,
Il n’y a plus d’arme ici.

Il va falloir reconstruire .
Loin de cette tornade statique …
ne plus nier son contour .
Redéfinir l’intention…
Reposer ses frontières…
effacer les traces du combat.

Elle est sortie de son corps sur la pointe des pieds. ..
Elle a regardé la mue se faire et se défaire ..
Elle s’est vu serpent,puis monstre .
victime et bourreau….
Ronces et bourgeon.

Mais tout ça n’était que dans sa tête ….

Un trouble de la vue incurable ….
Celui de ne pas se voir .
Se voir seulement au travers d’un prisme biaisé .
Un philtre passé de mode .

au delà du mot patience ….,
Elle a laissé l’espace se recréer.
Le sens recouler vers lavant….

C’est ça l’espace …

Laisser la place …à.

L’espace de ….

La projection.

La paix…

La suite.

C’était encore l’histoire de se battre pour ou contre.

Mais elle s’est enfin foutu la paix .

travail plastique sur papier argentique /
projet soutenu par la galerie °fermé le lundi°
dirigé par Roxanne Daumas .

framed : Curro Coronel